parées par force de leurs maris ; ces enfants qui tombent malades et meurent faute de nourriture ; ces mères qui se tiennent à peine debout et qui soignent leurs enfants mourants et les ensevelissent l’un après l’autre ; ces adolescents vigoureux, arrêtés comme criminels parce que, suivant les traditions de leurs ancêtres et les exigences de leur conscience, ils n’osent pas devenir des assassins, et qui après des supplices, dont nous-mêmes ne pouvons nous faire idée, sont installés malades et épuisés à trois mille kilomètres de leurs familles ; ces pères de familles déportés depuis onze ans et qui n’ont pas vu leurs femmes et leurs enfants ; ces malheureux dénonciateurs avilis par la peur et par l’argent et qui, comme le racontent les témoins oculaires, tâchent, avec le vin, le tabac et la débauche, d’étouffer ces souffrances d’enfer qu’ils éprouvent dans leur âme. Imaginez-vous tout cela pour un moment, et alors, non devant les hommes, ni devant l’État ou l’Église, mais devant Dieu, répondez-nous : le faut-il ainsi ou non ?
Toutes ces horreurs ne sont même pas nécessaires à la gloire de l’État ou de l’Église au nom desquels vous étouffez en vous les exigences de votre cœur. Et si ces horreurs