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envers les autorités, que lui-même « a vu de ses propres yeux » les Doukhobors rester coiffés devant le train impérial et refuser d’enlever leurs chapeaux malgré les exhortations de tous les assistants. J’ai demandé à mon ami si l’Impératrice se montrait à la fenêtre du wagon pendant ce temps ? Il me répondit qu’il n’y a pas fait attention. Alors je lui ai expliqué que les Doukhobors considèrent le salut comme une coutume sacrée, exprimant la reconnaissance de l’esprit divin dans la personne qu’ils saluent, et que, grâce à cette particularité, ils saluent tout homme, seulement quand ils se rencontrent avec lui face à face, et que, donnant une si haute importance à cet acte, naturellement ils ne peuvent ôter leur chapeau devant une locomotive ou devant les wagons du train, sans voir la personne qu’ils saluent. Mon ami fut très heureux d’apprendre cela, puisque les autorités locales lui avaient expliqué la conduite des Doukhobors, d’une façon tout autre et désavantageuse.

Ce cas, minime en soi-même, prouve très clairement qu’en général, les malentendus désavantageux pour les hommes comme les Doukhobors, proviennent des personnes mêmes qui vivent avec eux mais qui ne