C’est ici que vient en aide cette opinion exagérée, que Tolstoï est le meneur d’un complot gigantesque contre l’État et l’Église. Tolstoï n’est pas le Christ, reconnu officiellement comme Dieu, et qu’à cause de cela il n’est pas aisé de contredire, ce n’est qu’un homme, capable comme tel, de s’entraîner et de se tromper. C’est pourquoi Tolstoï peut très facilement servir de tête de turc pour toutes les accusations et les attaques, surtout si l’on ne pénètre pas trop attentivement les motifs et les opinions, et c’est pour quoi on peut lui attribuer sans se gêner, si c’est nécessaire, ce qu’il n’a jamais pensé, ni dit, ni fait. Il suffit pour cela d’arracher de ses écrits quelques expressions, les plus fortes, de les grouper en se taisant soigneusement sur les autres idées qu’il a exprimées et qui sont nécessaires pour la représentation complète et exacte de sa pensée. On ne peut pas, évidemment, accuser des hommes d’aimer trop Dieu et leur prochain ; on ne peut pas non plus les punir pour la réalisation de cet amour. Mais regretter qu’ils soient devenus les victimes « des idées funestes de Tolstoï » ; accuser et haïr Tolstoï pour le « détournement » de ses partisans ; punir et persécuter les hommes pour la réalisation de la « doctrine de