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de la marche naturelle de leur vie intérieure, en corrélation avec les circonstances extérieures dans lesquelles ils se sont trouvés. Encore au xviiie siècle et dans la première moitié du xixe, ils agirent exactement comme maintenant, et, dans leur conduite actuelle, il n’y a absolument rien de neuf en comparaison avec leurs actes antérieurs : ils sont arrivés à la conception de l’illégalité du service militaire depuis plus d’un siècle et spontanément, et, depuis, ils n’ont en rien changé leurs idées sur cette question, aussi n’avaient-ils besoin d’aucune influence extérieure pour reconnaître ce qu’ils ont toujours reconnu. Consentant provisoirement, et à contre-cœur, à servir, ils eurent besoin d’un choc extérieur pour se ressaisir et redevenir fermes ; la communication théorique, faite par quelques hommes nouveaux venus, de ces mêmes vérités morales, auxquelles ils ne cessèrent jamais de croire, eût été évidemment insuffisante. D’autre part, si quelqu’un eût voulu activer artificiellement, parmi les Doukhobors, cette résurrection morale qui, en tous cas, devait venir tôt ou tard, on ne pouvait inventer rien de mieux que ce qu’a fait avec eux le gouvernement. Cette série de malheurs et d’épreuves que