compagnaient leurs fils à la conscription, leur donnaient conseil en ce sens. Ce fut ainsi de 1887 à 1895.
En même temps, pendant la même période, se manifestait la résurrection morale des Doukhobors. La perte de leurs biens et leur séparation de leurs amis préparèrent le terrain, l’exigence du service militaire fit le reste. Le renouvellement, d’année en année, des appels au service militaire, qu’ils n’avaient consenti à accomplir qu’à contre-cœur, ramenait toujours très nettement la question la plus grave pour la conscience des Doukhobors, et leur rappelait leur conduite fausse. Enfin, la coupe était pleine et les Doukhobors s’éveillèrent de leur sommeil moral. Ils considérèrent les maux qui les atteignirent comme un châtiment de Dieu, pour leur relâchement dans son service, et en se repentant, ils revinrent à leurs croyances traditionnelles avec toute l’ardeur qui les distinguait jadis. Le résultat immédiat de cette élévation d’esprit était le retour à l’ancienne modération dans la vie, à l’abolition de l’inégalité matérielle qui se développait parmi eux, et au refus absolu de participer au service militaire.