Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une installation luxueuse, si l’on est habitué à faire faire aux autres ce que l’on peut faire soi-même, on n’a plus de plaisir à se reposer après le travail, à avoir chaud après le froid, à bien dormir, et l’on ne fait que s’affaiblir de plus en plus et diminuer ses joies, sa paix et sa liberté.

5. Les hommes devraient prendre exemple sur les bêtes pour savoir traiter leur corps. Dès que l’animal a ce qui est nécessaire à son corps, il se calme. Pour l’homme, il ne suffit pas de contenter sa faim, de pouvoir s’abriter ; il invente continuellement de nouveaux plats et de nouvelles boissons, construit des palais, fabrique une grande quantité d’objets inutiles qui ne le rendent que plus malheureux.

III. — Péché d’intempérance dans la nourriture.

1. Un sage disait : Je remercie Dieu de nous avoir rendu facile tout ce qui est nécessaire, et difficile tout ce qui ne l’est pas. C’est juste surtout pour la nourriture ; celle qui est nécessaire à l’homme pour qu’il se porte bien et puisse travailler est simple et bon marché : le pain, les fruits, les légumes, l’eau. On en trouve partout. Seuls les plats compliqués sont difficiles à préparer. Non seulement ils sont difficiles à préparer, mais encore ils sont nuisibles.

2. On meurt plus rarement de faim que de la bonne chair.