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comprend, y contribue de ses efforts, et la vie d’un tel homme est facile, parce qu’elle est en accord avec ce qui se produit en lui.

4. Les enfants ne sont pas encore habitués aux péchés et tout péché leur répugne. Les adultes sont déjà tombés dans la tentation et ils pèchent sans s’en rendre compte.

5. Deux femmes vinrent trouver un vieillard pour lui demander conseil. L’une se considérait comme une grande pécheresse. Etant jeune encore, elle avait trompé son mari et vivait dans un tourment continuel. L’autre, ayant toujours vécu selon les bonnes règles, ne se reprochait aucune faute marquante et était satisfaite d’elle-même. Le vieillard interrogea les deux femmes sur leur vie. L’une, tout en larmes lui avoua son grand péché. Elle le trouvait si grand qu’elle ne croyait pas mériter le pardon ; l’autre déclara qu’elle ne reconnaissait aucun péché particulier. Le vieillard dit à la première :

— Va derrière le clos et trouve-moi une grande pierre, la plus grande que tu pourras soulever, et apporte-la.

— Et toi, dit-il à celle qui ne se connaissait pas de grands péchés, apporte-moi aussi des pierres, autant que tu pourras en porter, mais des petites. Les femmes exécutèrent l’ordre du vieillard. L’une apporta un grand bloc, l’autre, tout un sac de cailloux. Le vieillard examina les pierres et dit :

— Voici ce que vous allez faire maintenant : rapportez les pierres là où vous les avez prises, et lorsque vous l’aurez fait, revenez me trouver.