Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des séductions et des superstitions qui leur permettent de vivre en pécheurs. Mais ils ont beau faire de garantir leur corps contre le « moi » spirituel, ce « moi » vainc toujours, ne serait-ce que dans les derniers moments de la vie.

7. D’abord, le péché est un étranger dans notre âme ; puis, il en est l’hôte ; et lorsque nous nous habituons à lui, il y devient comme le maître de la maison.

8. Celui qui commet un péché pour la première fois ressent toujours sa faute ; celui qui pèche à plusieurs reprises, — surtout lorsque les gens qui l’entourent commettent le même péché, —tombe dans la tentation et ne sent plus son péché.

9. Lorsqu’un homme a commis un péché et s’en rend compte, il a deux issues : l’une de reconnaître sa faute, et de s’efforcer à ne plus recommencer ; l’autre est de chercher à savoir ce que les gens pensent du péché qu’il a commis, et si ces gens ne le blâment pas, de continuer à pécher. « Tous le font, pourquoi donc ne ferai-je pas comme tout le monde ? » Lorsque l’homme s’engage sur cette pente, il ne s’aperçoit plus qu’il s’éloigne chaque jour davantage de la bonne voie.

10. « Les tentations doivent exister sur la terre », a dit le Christ. Je crois que le sens de cette sentence est que la