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3. Tant que l’homme est sans raison, il vit comme une bête et il n’est pas responsable de la suite de ses actes, bons ou mauvais. Mais le moment arrive où il devient capable de réflexion et peut distinguer entre ce qu’il doit et ce qu’il ne doit pas faire. Or, au lieu de comprendre que la raison lui est donnée pour discerner le bien et le mal, il l’emploie souvent à justifier le mal qui lui est agréable et auquel il est habitué. C’est ce qui engendre les tentations et les superstitions dont le monde souffre le plus.

4. C’est mal quand l’homme se croit sans péchés et n’a pas besoin de faire d’efforts sur lui-même. Mais c’est tout aussi mal quand l’homme s’imagine être né dans les péchés, être condamné à mourir comblé de péchés et qu’il ne servirait à rien de faire des efforts pour s’en débarrasser. Les deux erreurs sont également funestes.

5. C’est mal quand l’homme qui vit parmi les pécheurs ne voit ni ses propres péchés, ni ceux des autres ; mais c’est plus mal encore quand l’homme voit les péchés des autres et ne remarque pas les siens.

6. Dans chaque existence, il arrive un moment où le corps vieillit, s’affaiblit, devient de moins en moins exigeant, tandis que le « moi » spirituel grandit de plus en plus. Alors, ceux qui sont habitués à satisfaire leurs désirs corporels imaginent, afin de ne pas renoncer à leurs habitudes,