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Jean ou Nathalie et en même temps un être spirituel qui est le même dans tous les hommes. Et lorsque nous disons : Je veux, cela indique, parfois, ce que désirent Jean et Nathalie, mais d’autres fois ce que veut l’être spirituel qui est commun à nous tous. Et il arrive, parfois, que Jean et Nathalie veulent quelque chose, mais que l’être spirituel ne le veut pas et qu’il désire tout autre chose.

2. Dire que ce que nous appelons nous-mêmes n’est que notre chair, dire que ma raison, mon âme, mon amour ne dépendent que de mon corps, c’est prétendre que notre corps n’est que la nourriture dont notre chair s’alimente. Il est vrai que mon corps n’est composé que d’aliments qu’il transforme, mais mon corps n’est pas aliment. Ceux-ci lui sont nécessaires pour vivre, mais ils ne sont pas le corps. Il en est de même de l’âme. Il est vrai que, sans ma chair, ce que j’appelle âme n’existerait pas ; mais mon âme n’est pas mon corps. Celui-ci est nécessaire à l’âme, mais il n’est pas l’âme. Si l’âme n’existait pas, je ne saurais pas ce qu’est mon corps. Les éléments de la vie ne sont pas dans le corps, mais dans l’âme.

3. Lorsque nous disons : cela est arrivé, cela arrivera ou cela pourra arriver, nous parlons de notre vie corporelle. Mais, en dehors de la vie corporelle qui a été et qui sera, nous reconnaissons en nous une autre vie : la vie spirituelle. Et cette vie-là n’a pas été, ne sera pas, mais est toujours. C’est cette vie qui est la vraie. L’homme est