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tels vue, oui toucher. Si ces sens étaient autres, le monde entier serait différent. De sorte que nous ne savons pas et ne pouvons savoir quel est exactement le monde matériel où nous vivons. Ce que nous connaissons sûrement et entièrement, c’est notre âme.

II. — Le « Moi » spirituel.

1. Lorsque nous parlons de notre « moi », nous n’entendons pas notre corps, mais ce qui le fait vivre. Qu’est-ce que le « moi » ? Nous ne pouvons le définir par des paroles, mais nous le connaissons mieux que tout ce que nous savons. Car nous savons que si nous n’avions pas ce « moi », nous ne saurions rien, nous n’aurions rien au monde, et nous n’aurions pas existé nous-mêmes.

2. Lorsque je réfléchis, il m’est plus difficile de comprendre ce qu’est mon corps que ce qu’est mon âme. Le corps a beau nous être proche, il nous est toujours étranger ; seule l’âme est à soi.

3. Si l’homme ne sent pas l’âme en soi, cela ne veut pas dire qu’il n’a pas d’âme, mais cela prouve seulement qu’il n’a pas encore appris à la connaître.

4. Tant que nous ne comprenons pas ce qui est en nous, quel intérêt avons-nous à savoir ce qui est en dehors de nous ? Et peut-on connaître le monde avant de s’être