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Lorsqu’on hiver, pendant la nuit, tu regardés le ciel, tu vois des étoiles, encore des étoiles et des étoiles sans fin, et lorsque tu penses que chacune de ces étoiles est nombre de fois plus grande que la terre où tu vis, que par-dessus les étoiles que tu vois, il y a des centaines, des milliers, des millions d’autres étoiles et de plus grandes encore et que ni les étoiles, ni le ciel n’ont de fin, tu comprends que ce que nous ne pouvons concevoir existe. Lorsque nous regardons en nous-mêmes et que nous voyons ce que nous appelons notre « moi », lorsque nous y voyons quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre non plus, mais que nous connaissons mieux que tout le reste et qui nous fait comprendre tout ce qui est, nous voyons dans notre moi, dans l’âme, quelque chose de plus compréhensible et de plus grand que ce que nous voyons dans les cieux. C’est ce que nous voyons au ciel et ce que nous sentons en nous, en notre âme, que nous appelons Dieu.

2. De tous temps, chez tous les peuples s’était formée la foi en une force invisible gouvernant le monde. Les anciens attribuaient cette force à la raison universelle, à la nature, à la vie, à l’éternité ; les chrétiens appellent cette force : esprit, Père, Seigneur, raison, vérité. Le monde visible, changeant, est en quelque sorte l’ombre de cette force. De même que Dieu est éternel, le monde visible, son ombre, est éternel. Seule la force invisible, Dieu, existe véritablement.. SKOVORODA.[1]

  1. Philosophe ukrainien du XVIIIe siècle dont l’exceptionnelle valeur ne fut que récemment reconnue en Russie (NDT).