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et envers ce qui était, est et sera toujours le commencement de tout. Ils doivent comprendre que chaque heure de leur existence confirme cette obligation, et que, par conséquent, l’homme qui vit pour lui-même et qui nie cette obligation, l’attachant à la vie et à son principe, se prive lui-même de la vie.

4. Les hommes pensent que l’abnégation compromet la liberté. Ils ne savent pas que seule l’abnégation nous donne la vraie liberté, en nous débarrassant de nous-mêmes, de l’esclavage de notre dépravation. Nos passions sont les tyrans les plus cruels : il suffit de renoncer à eux, et tu te sentiras libre. FÉNELON.

5. La conscience de notre mission, qui implique la loi de l’abnégation, n’a rien de commun avec la jouissance de la vie. Si nous voulions confondre la conscience de notre mission avec la jouissance, et que nous offrions ce mélange, en qualité de remède, à une âme malade, ces deux éléments se seraient séparés spontanément. Mais si cela n’avait pas eu lieu et que la conscience de la haute destination de l’homme n’avait produit aucun effet, et que la vie corporelle aurait acquis, en aspirant au plaisir, une certaine force qui correspondrait avec la destination, la vie morale de l’homme aurait disparu sans retour. KANT.

VI. — On ne peut se libérer de ses péchés qu’à condition de renoncer à soi-même.

1. Le renoncement au bonheur corporel pour le bonheur