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objet, je dois m’en approcher comme d’une chose d’absolument inconnue de moi. THOREAU.

3. Nous attendons du professeur qu’il fasse de son élève un homme raisonnable, d’abord, sage, ensuite, et savant, enfin.

Ce procédé présente cet avantage que si l’élève n’atteint jamais le dernier degré, comme cela a, en effet, généralement lieu dans la réalité ; il gagnera néanmoins à s’instruire et aura plus d’expérience et de sagesse dans la vie.

Mais si l’on retourne ce procédé à l’envers, alors les élèves saisissent quelque chose qui ressemble à la raison avant d’avoir acquis la faculté de raisonner et emportent de l’enseignement une science empruntée, comme collée à eux et non n’adhérant, sans compter que leurs facultés spirituelles restent tout aussi improductives que par le passé et se trouvent en même temps fortement corrompues par la sagesse imaginaire. C’est là la raison pourquoi nous rencontrons souvent des savants (ou plutôt des gens instruits) qui manifestent très peu de raisonnement, et c’est pourquoi il sort des académies plus d’idiots que de n’importe quelle autre classe sociale. KANT.

4. Dans toutes les classes il y a des hommes qui jouissent d’une supériorité mentale, bien qu’ils n’aient souvent aucune instruction. L’esprit naturel peut remplacer presque tous les degrés de l’instruction, tandis qu’aucune instruction ne peut remplacer l’esprit naturel, bien qu’elle possède l’avantage de la connaissance des événements et des