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4. Ce qu’on appelle aujourd’hui science est un composé d’inventions des gens riches, nécessaire pour occuper leur oisiveté.

5. Nous vivons dans un siècle de philosophie, de sciences et de raison. Il semble que toutes les sciences se soient réunies pour éclairer notre route dans le labyrinthe de la vie humaine. D’immenses bibliothèques sont ouvertes à tous et partout, des lycées, des écoles, des universités nous donnent depuis l’enfance la possibilité de profiter du savoir des hommes qui s’est accumulé pendant des milliers d’années. Il semblerait que tout contribue à la formation de notre intelligence et au consolidement de notre raison. Eh bien, sommes-nous devenus meilleurs ou plus sages ? Connaissons-nous mieux la voie et le but de notre vie ? Connaissons nous mieux nos obligations et surtout le bien de la vie ? Ou qu’avons-nous acquis par ces vaines connaissances, sinon l’inimitié, la haine, l’ignorance et les doutes ? Chaque doctrine et chaque secte religieuse prouve qu’elle a trouvé la vérité. Chaque écrivain sait seul en quoi consiste notre bonheur. L’un nous prouve qu’il n’y a pas de corps, l’autre—qu’il n’y a pas d’âme, le troisième—qu’il n’y a aucune connexion entre l’âme et le corps, le quatrième—que l’homme est un animal, le cinquième—que Dieu n’est qu’un miroir. ROUSSEAU.

6. N’étant pas capable de tout pénétrer et ne sachant pas sans l’aide de la religion ce qu’on doit étudier, la science d’aujourd’hui ne s’occupe que de ce qui est agréable aux