Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/168

Cette page n’a pas encore été corrigée

gens distingués et non distingués, valeureux et lâches, instruits et non instruits, et ils se sont si bien accoutumés à ce classement, qu’ils croient, en réalité, que les uns peuvent être meilleurs que les autres, parce que les uns sont placés par les hommes dans une catégorie et les autres dans une autre.

7. Rien que la coutume admise chez les gens riches de tendre la main aux uns et de ne pas la tendre aux autres, de faire entrer les uns au salon et de recevoir les autres dans l’anti-chambre, prouve combien les gens sont loin de reconnaître l’égalité entre eux.

8. Si la superstition de l’inégalité n’existait pas, les hommes ne pourraient jamais commettre tous les forfaits qu’ils commettent sans cesse, uniquement parce qu’ils n’admettent pas que tous les hommes sont égaux.

II. — Les excuses de l’inégalité.

1. Rien ne donne tant d’assurance que la camaraderie pour accomplir des mauvaises actions, et cela par le fait que quelques hommes seulement s’unissent entre eux, en laissant tous les autres à l’écart.

2. Ceux qui se font valoir devant les autres sont tout autant fautifs de l’inégalité des hommes que ceux qui se croient, inférieurs aux gens qui se vantent devant eux.