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tous les mystères de la vie des oiseaux, des poissons, des bêtes, des gens, des arbres, des pierres et des eaux, note que cela non plus ne serait pas une joie parfaite. » Et un peu plus loin, François appela encore une fois Léon et lui dit : « Note encore que si nous étions des prédicateurs, qui parviendraient à ramener tous les payens au Christianisme, note que là encore, il n’y aurait pas de joie parfaite. »

Alors le frère Léon dit à François :

— En quoi donc consiste la joie parfaite ?

Et François répondit : « En ceci : lorsque nous arriverons à Porcioncule sales, mouillés, transis de froid et affamés, et que nous demanderons de nous donner asile, le portier nous dira : « Pourquoi traînez-vous, vagabonds, par les chemins, pourquoi tentez-vous les gens, pourquoi voulez-vous l’aumône des pauvres ; allez-vous en d’ici, » et il ne nous ouvrira pas. Si nous ne nous offensons pas et que nous pensons avec humilité et amour que le portier a raison, et que mouillés, gelés, et affamés, nous restons jusqu’au matin dans la neige et l’humidité sans murmurer contre le portier, c’est alors, frère Léon, que sera la joie parfaite. »