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8. On ne peut mieux calmer une colère, même juste, qu’en disant à celui qui se fâche que celui contre lequel il se fâche, n’est qu’un malheureux. La pluie a le même effet sur le feu que la compassion sur la colère.

9. L’homme qui désire faire du tort à son ennemi, n’a qu’à s’imaginer qu’il lui a déjà fait mal et qu’il souffre de corps et d’âme ; il n’a qu’à se l’imaginer et à comprendre que tout cela est l’œuvre de nos mains, pour que, à l’idée des souffrances de l’ennemi, l’homme le plus méchant cesse de garder sa rancune. SCHOPENHAUER.

VI. — La lutte contre le péché de malveillance.

1. On me blâme, je suis ennuyé, j’ai de la peine. Comment me débarrasser de ce sentiment désagréable ? D’abord, par l’humilité ; quand on connaît sa faiblesse, on ne se fâche pas de ce que les autres la montrent. Ce n’est pas aimable de leur part, mais ils ont raison. Ensuite, par le raisonnement ; car, en définitive, on reste toujours ce qu’on a été, et si l’on avait trop de vénération pour soi-même, on aurait qu’à modifier son opinion. Enfin, et principalement, par le pardon ; il n’y a qu’un seul moyen pour ne pas haïr ceux qui nous font du mal et nous offensent, c’est de leur faire du bien. Si l’on ne parvient pas à les changer, du moins, arrive-t-on à se maîtriser soi-même. AMIEL.