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défaut : « J’ai encore tout barbouillé. Pardonnez-moi, je ne recommencerai pas. »

« La dernière fois, ajoute M. Gorbounov, j’ai apporté à Léon Nicolaïevitch les épreuves de deux fascicules de son ouvrage le 11 novembre 1910 (trois jours avant la mort de Tolstoï), à Astapovo, où il se mourait. Il eut encore la force d’écouter attentivement les renseignements que je lui ai apportés sur la marche de l’impression des trente fascicules. J’ai ajouté qu’à tout hasard, je lui apportais la troisième épreuve de deux fascicules ; il me répondit d’une voix éteinte et où perçait le regret de son impuissance de se remettre à son travail favori : « Je n’ai pas la force… Faites-le vous-même. »

Nous sommes bien en présence de l’expression dernière et la plus complète peut-être de la doctrine du grand mort, confrontée avec les pensées de plus grands philosophes de l’humanité et de ses plus anciennes traditions. Tolstoï cite, en effet, tous les livres sacrés connus de tous les pays : la Bible, Vichnou-Pourana, Rama-Krichna et autres textes hindous ; Bouddha, Lao-Tseu, Confucius et les Bramines ; l’Évangile, les Apôtres, le Talmud et le Coran ; et aussi les plus antiques traditions : chinoises, hindoues, arabes, persanes, voire mexicaines d’avant la découverte de l’Amérique et quinze siècles avant l’ère chrétienne ; les philosophes grecs Héraclite, Socrate, Platon, Xénophon et Épictète, comme les romains Caton, Cicéron, Sénèque, Juvénal, Marc-Aurèle et Lactance ; Basile-le-Grand et Jean Chrysostome ; Mahomet, Saadi et Saïd Ben-Hamed ; Jean Huss, Érasme, Luther ; Montaigne, Pascal, Fénelon, La Bruyère, Rousseau, Lamennais et Lamartine ; Emerson, Bentham, Thomas Moore, Carlyle,