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charnels sans jamais pouvoir les satisfaire. C’est pourquoi les pauvres comme les riches cherchent l’oubli dans l’ivresse.

3. Si l’homme mange trop, il lui est difficile de ne pas être paresseux. S’il boit des boissons grisantes, il lui est difficile de rester chaste.

4. Personne ne s’est jamais enivré ni grisé de fumée pour accomplir une bonne action : travailler, prendre une décision, soigner un malade, prier Dieu. Mais la plupart des mauvaises actions sont faites dans un état d’ébriété. Ce n’est pas un crime de se griser ; mais c’est créer l’état qui dispose au crime.

VI. — Servir le corps, c’est nuire à l’âme.

1. Si un homme a beaucoup plus qu’il ne lui faut, c’est que d’autres manquent du nécessaire.

2. Qui est plus heureux : celui qui se nourrit par son travail juste assez pour ne pas avoir faim, s’habille pour ne pas rester nu, se loge pour ne pas souffrir de la pluie et du froid ; ou bien celui qui se procure une bonne nourriture, des vêtements riches et une habitation luxueuse par la mendicité, la servilité, ou par l’escroquerie et la force ?

3. Si nous n’avions pas inventé le luxe, tous ceux qui sont maintenant dans la misère pourraient vivre sans manquer