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rianna avec sa taille élancée, la chaîne des montagnes, — tout lui faisait l’effet d’un rêve.

« Un faisan ! murmura le vieux, en se retournant et enfonçant son bonnet jusqu’aux yeux. Cache ton museau : un faisan ! »

Il fit signe d’un air irrité à Olénine et se mit à ramper à quatre pattes.

« Il n’aime pas le museau de l’homme. »

Olénine était encore en arrière, quand le vieux s’arrêta et se mit à observer l’arbre. Olénine aperçut le faisan, contre lequel le chien aboyait. Une détonation comme celle d’un canon partit de la grosse carabine de Jérochka ; le faisan fit un mouvement pour s’envoler et tomba, perdant ses plumes. En s’approchant, Olénine en fit lever un second, qui s’élança comme une flèche dans les airs. Olénine saisit son fusil, visa, et le coup partit ; le faisan tomba comme une pierre dans le taillis, s’accrochant aux branches.

« Bravo ! » cria le vieux chasseur, qui ne savait pas tirer au vol.

Ils ramassèrent les oiseaux et continuèrent leur chemin… Olénine, excité par le mouvement et le succès, entrait sans cesse de nouveau en conversation avec le vieux.

« Attends, dit celui-ci, j’ai vu ici hier des pistes de cerf. »

Ils tournèrent dans l’épaisseur de la forêt, et au bout de trois cents pas ils se trouvèrent dans une clairière couverte de roseaux et arrosée d’eau par endroits. Olénine restait toujours en arrière ; il était à vingt pas de Jérochka, quand celui-ci s’arrêta, se baissa et se mit à lui faire des signes mystérieux. Olénine le rejoignit et vit l’empreinte de pas humains, que le vieux lui montrait.

« Vois-tu ?

— Je vois ; quoi donc ? dit Olénine s’efforçant de paraître calme ; ce sont des pas d’homme. »