« Holà ! le Cosaque ! lui cria-t-il, approche. »
Le vieux se tourna vers la fenêtre et s’arrêta.
« Bonjour, brave homme, dit Jérochka, soulevant son bonnet et découvrant ses cheveux coupés ras.
— Bonjour, brave homme, répondit Olénine ; que signifient les cris de ces gamins ? »
Jérochka approcha de la fenêtre.
« Ils me taquinent ! J’aime cela ! Ils n’ont qu’à faire des gorges chaudes sur le vieux diadia ! dit-il avec l’intonation peu traînante habituelle aux vieilles gens. Es-tu le chef de la compagnie ?
— Non, je suis porte-enseigne. Où as-tu tiré ces faisans ?
— Dans le bois ; j’ai tué trois femelles, répondit le vieux, se tournant pour montrer à Olénine son large dos, où pendaient les trois faisans, leurs petites têtes passées sous la ceinture et teignant de leur sang le caftan du Cosaque. N’en as-tu jamais vu ? Tiens ! en voici une paire. »
Et il lui tendait par la fenêtre les deux faisans.
« Es-tu chasseur ?
— Oui, j’ai tué quatre faisans pendant la campagne.
— Quatre ! Quelle masse ! dit le vieux d’un air moqueur. Es-tu buveur ? sais-tu déguster le tchikhir[1] ?
— Pourquoi pas ! Je l’aime à son temps.
— Hé ! je vois que tu es un brave ! Nous serons kounak[2] ! dit Jérochka.
— Mais entre donc, nous prendrons un verre ensemble.
— Bon ! j’entrerai, dit Jérochka ; mais prends donc les faisans. »
Le porte-enseigne avait plu au vieux, qui combina tout de suite qu’il serait régalé d’eau-de-vie, et offrit les faisans.
Au bout d’un moment Jérochka parut à la porte de la chambre, et alors seulement Olénine se rendit compte de