ne cessaient de siffler à cet endroit, se tenait une grande figure noire, les mains dans ses poches, piétinant sur la terre fraîche qu’on apportait dans des sacs ; de temps en temps, une bombe tombait et éclatait à deux pas de la cave ; les soldats porteurs se courbaient et s’écartaient, tandis que la silhouette noire continuait tranquillement à égaliser la terre de ses pieds sans changer de place.
« Qui est-ce ? demanda Volodia à Melnikoff.
— Je ne sais pas, je vais y aller voir.
— N’y va pas, c’est inutile. »
Mais Melnikoff se leva sans l’écouter, s’approcha de l’homme noir et resta longtemps immobile à côté de lui avec la même indifférence pour le danger.
« C’est le surveillant de la poudrière, Votre Noblesse, fit-il en revenant ; une bombe l’a trouée, on la recouvre de terre. »
Quand les obus semblaient voler tout droit sur le logement blindé, Volodia se serrait dans l’angle et en ressortait ensuite, les yeux levés au ciel pour voir s’il n’en venait pas d’autres ; bien que Vlang, toujours couché, l’eût plus d’une fois supplié de rentrer, Volodia passa trois heures assis sur le seuil, trouvant du plaisir à exposer sa destinée à cette expérience ainsi qu’à observer le vol des projectiles : vers la fin de la soirée, il savait parfaitement quels étaient le nombre et la direction des canons qui tiraient, et où tombaient leurs charges.
XXII
Le lendemain 27 août, après dix heures de sommeil, Volodia sortit, frais et dispos, de l’abri blindé. Vlang le suivit, mais au premier sifflement d’une balle il bondit en arrière et se précipita, en se frayant de la tête un chemin,