rement bombé et des yeux bleu clair à fleur de tête, entra juste à ce moment.
« As-tu peur des bombes ? lui demanda Volodia.
— Pourquoi en aurais-je peur ? répéta Melnikoff, se grattant la nuque ; ce n’est pas une bombe qui me tuera, je le sais.
— Tu aimerais donc à vivre ici ?
— Mais certainement, c’est très amusant », et il éclata de rire.
« Alors il faut t’envoyer à une sortie ! veux-tu ? Je le dirai au général, dit Volodia, bien qu’il ne connût aucun général.
— Comment ne pas vouloir ? je le veux bien ! » et Melnikoff se déroba derrière ses camarades.
« Voyons, jouons, mes enfants, à la bernique ! Qui a des cartes ? » demanda-t-il d’une voix impatiente, et le jeu s’organisa aussitôt dans le coin le plus reculé : on y entendait annoncer les levées, le bruit des tapes sur le nez et des éclats de rire. Volodia buvait, en attendant, du thé préparé par le tambour, en offrait aux artificiers, plaisantait et causait avec eux, désireux de se rendre populaire, et très satisfait du respect qu’on lui témoignait. Les soldats, ayant remarqué que le « barine » était bon enfant, s’animèrent, et l’un d’eux annonça que le siège allait bientôt finir, car un marin lui avait dit comme une chose certaine que Constantin, le frère du tsar, venait les délivrer avec la flotte « méricaine[1] », que bientôt il y aurait un armistice de deux semaines pour se reposer, et que, pour chaque coup que l’on tirerait pendant la trêve, on aurait à payer soixante-quinze kopeks.
Vassine, que Volodia avait déjà remarqué, ce soldat de petite taille avec de bons grands yeux et des favoris, raconta à son tour, au milieu d’un silence général que rompirent ensuite des éclats de rire, la joie qu’on avait
- ↑ Américaine.