— Avec lequel vous êtes tombé dans le fossé. Eh ! eh ! Vlang ! fit observer le capitaine en second.
— Mais vous vous trompez en disant que l’avoine est à huit roubles, soutenait en attendant Dédenko, qui avait continué sa discussion. Selon les dernières informations, c’est dix cinquante,… il est évident qu’il n’y a pas de profit à…
— Vous voulez donc qu’il ne lui reste plus rien ? Si vous étiez à sa place, vous ne prêteriez pas non plus de cheval pour aller en ville. Quand je serai commandant de la batterie, mes chevaux, batiouchka, auront tous les jours quatre bons garnetz à manger ! je ne penserai pas à me faire des rentes, moi, soyez tranquille !
— Qui vivra verra, répliqua le capitaine en second, vous ferez de même quand vous aurez une batterie, et lui aussi, en indiquant d’un geste Volodia.
— Pourquoi supposez-vous, Frédéric Christianovitch, que monsieur voudra aussi se réserver quelques petits profits ? S’il a quelque fortune, pourquoi le ferait-il ? demanda à son tour Tchernovitzky.
— Non…, je…, excusez-moi, capitaine, dit Volodia rougissant jusqu’aux oreilles ; ce serait malhonnête à mes yeux.
— Oh ! oh ! quelle soupe au lait ! lui dit Kraut.
— Ceci est une autre question, capitaine, mais il me semble que je ne puis pas prendre pour moi de l’argent qui ne m’appartient pas.
— Et moi, je vous dirai autre chose, poursuivit le capitaine d’un ton plus sérieux ; apprenez qu’il y a tout avantage à bien mener ses affaires étant commandant de batterie ; sachez que le manger des soldats ne le regarde pas ; ç’a toujours été ainsi chez nous, dans l’artillerie. Si vous ne parvenez pas à joindre les deux bouts, il ne vous restera rien. Énumérons un peu vos dépenses : vous avez d’abord le ferrage, — et le capitaine plia un doigt, — puis la pharmacie, — il plia le second, — puis la chancellerie,