Page:Tolstoï Les Cosaques.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— L’enseigne ? » répéta le sergent-major. Un rapide regard jeté sur Volodia et qui semblait dire : Qu’est-ce encore que cet enseigne-là ? acheva de déconcerter ce dernier. « Mais là, en bas, Votre Haute Noblesse, chez le capitaine en second ; puisque le capitaine est au bastion, son lit est vide !…

— Ça vous va-t-il en attendant ? demanda le commandant de la batterie ; vous devez être fatigué, je pense ? demain on pourra vous arranger plus commodément. »

Volodia se leva et salua.

« Désirez-vous du thé ? ajouta son supérieur ; on peut faire chauffer le samovar ! »

Volodia, qui avait déjà gagné la porte, se retourna, salua de nouveau et sortit.

Le domestique du lieutenant-colonel le conduisit en bas et l’introduisit dans une pièce nue et malpropre où différentes choses brisées étaient jetées au rebut et où, dans un coin, sur un lit de fer, dormait sans draps ni couverture, enveloppé dans sa capote, un homme en chemise rose que Volodia prit pour un soldat.

« Pierre Nikolaïévitch, et le domestique toucha l’épaule du dormeur, levez-vous ; l’enseigne va coucher ici. — C’est notre junker, ajouta-t-il en se tournant vers Volodia.

— Oh ! ne vous dérangez pas, je vous en prie », s’écria ce dernier en voyant le junker, un grand et robuste jeune homme avec une jolie figure, mais complètement dépourvue d’intelligence, se lever, jeter sa capote sur ses épaules et s’en aller tout ensommeillé en murmurant : « Ça ne fait rien, j’irai dormir dans la cour ».


XIII


Resté seul avec ses pensées, la première impression de Volodia fut de nouveau l’épouvante résultant du trouble