qui s’élève en vous devant le danger ; vous vous redressez malgré vous, vous relevez la tête et vous escaladez à votre tour la pente glissante de la montagne argileuse. À peine avez-vous fait quelques pas, que de droite et de gauche bourdonnent à vos oreilles les balles des carabines, et vous vous demandez s’il ne serait pas préférable de marcher à couvert de la tranchée élevée parallèlement à la route ; mais la tranchée est pleine d’une boue liquide, jaunâtre et fétide, si bien que forcément vous continuez votre chemin, d’autant mieux que c’est le chemin de tout le monde. Au bout de deux cents pas, vous débouchez sur un terrain entouré de gabions, de remblais, d’abris, de plates-formes qui supportent d’énormes canons en fer de fonte et des tas de boulets disposés symétriquement. Cet entassement vous fait l’effet d’un désordre étrange et sans but. Ici, sur la batterie, se tient un groupe de matelots ; là, au milieu de la place, un canon hors de service gît, noyé dans la boue gluante d’où un fantassin qui, l’arme au bras, va à la batterie, retire avec peine un pied après l’autre. Vous ne voyez partout dans cette même boue liquide que des tessons, des obus qui n’ont pas éclaté, des boulets, des traces de toute sorte de la vie des camps. Il vous semble entendre à deux pas de vous le bruit de la chute d’un boulet, et de tous les côtés vous arrivent les sifflements des balles, qui tantôt bourdonnent comme des guêpes, tantôt gémissent et fendent l’air en vibrant comme une corde d’instrument, le tout dominé par le grondement sinistre du canon qui vous secoue des pieds à la tête et vous emplit de terreur.
C’est donc là le quatrième bastion, cet endroit véritablement terrible, vous dites-vous en éprouvant un petit sentiment d’orgueil et un immense sentiment de peur comprimée. Point ! vous êtes le jouet d’une illusion. Ce n’est pas encore le quatrième bastion ; c’est la redoute de Jason, un endroit qui, comparativement, n’est ni dangereux ni effrayant. Pour atteindre le quatrième bastion, engagez-