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taira. Maintenant, vive la joie ! Bois, cria-t-il du même ton que diadia Jérochka. Allons retrouver les filles, et va chercher du miel, — ou bien j’enverrai la muette. Faisons bombance jusqu’au jour. »

Nazarka sourit.

« Resterons-nous longtemps ici ?

— Laisse-moi m’amuser. Cours acheter de l’eau-de-vie, voici de l’argent. »

Nazarka obéit. Jérochka et Yergouchew entrèrent l’un après l’autre dans la cabane.

« Encore un demi-seau ! cria Lucas à sa mère, en réponse au salut des arrivants.

— Raconte, diable, où tu les as volés ! cria Jérochka ; tu es un brave ! je t’adore !

— Ah ! tu m’adores ? dit Lucas en riant, et tu portes des cadeaux aux filles de la part des porte-enseigne, satané vieux !

— C’est un mensonge ! c’est un mensonge. (Le vieux éclata de rire.) Ce diable de porte-enseigne m’a instamment supplié de lui bâcler l’affaire. « Va, disait-il, je te donnerai une carabine. » Mais non. Dieu le bénisse ! je ne veux pas te faire tort. Eh bien ! dis donc où tu es allé. »

Le vieux se mit à parler tatare. Lucas lui répondait vivement dans la même langue.

Yergouchew parlait mal le tatare et y mêlait des mots russes.

« Je sais avec certitude que tu as volé les chevaux, disait-il. Combien as-tu reçu d’arrhes !

— J’ai la somme entière », répondit Lucas, frappant sur sa poche.

Il s’interrompit ; la vieille entrait.

« Bois donc, cria-t-il.

— C’est ainsi que j’allais un jour avec Guirchik…, commença Jérochka.

— Eh ! tu n’en finiras jamais ! dit Lucas ; je m’en vais. » >