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complètement futiles par rapport au véritable bien de l’humanité, n’auraient acquis l’importance qu’elles ont ;[1] ni surtout les produits de nos arts, bons pour tout au plus désennuyer les oisifs.[2]

La sagesse humaine ne consiste point dans le savoir des choses. Car il y a une infinité de choses qu’on peut savoir ; et connaître le plus de choses possible ne constitue pas la sagesse. La sagesse humaine consiste à connaître l’ordre des choses qu’il est bon de savoir, — consiste à savoir ranger ses connaissances d’après leur importance.

Or, de toutes les sciences que l’homme peut et doit savoir, la principale, c’est la science de vivre de manière à faire le moins de mal et le plus de bien possible ; et de tous les arts, celui de savoir éviter le mal et produire le bien avec le moins d’efforts possible. Et voilà qu’il se trouve que parmi tous les arts et les sciences qui prétendent servir au bien de l’humanité, la première des sciences et le premier des arts par leur importance non seulement n’existent pas, mais sont exclus de la liste des sciences et des arts.

Ce qu’on appelle dans notre monde les sciences et les arts ne sont qu’un immense humbug, une

  1. Raturé : « cette importance qui n’a aucune explication ».
  2. Raturé : « bons pour émoustiller les vieux dépravés, et pour, etc. ».