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repos et de son sommeil pour penser et produire dans la sphère intellectuelle, fait preuve de sa vocation. Celui qui se libère du devoir moral de chaque homme, et, sous le prétexte de son goût pour les sciences et les arts, s’arrange[1] une vie de parasite, ne produira jamais que de la fausse science et du faux art.

Les produits de la vraie science et du vrai art sont les produits du sacrifice, mais pas de certains avantages matériels.

Mais que deviennent les sciences et les arts ? — Que de fois j’ai entendu cette question, faite par des gens qui ne se souciaient ni des sciences, ni des arts, et n’avaient même pas une idée un peu claire de ce que c’était que les sciences et les arts ! On dirait que ces gens n’ont rien tant à cœur que le bien de l’humanité qui, d’après leur croyance, ne peut être produit que par le développement de ce qu’ils appellent des sciences et des arts.

Mais comment se trouve-t-il qu’il y ait des gens assez fous, pour contester l’utilité des sciences et des arts ?[2] Il y a des ouvriers manuels, des ouvriers agriculteurs. Personne ne s’est jamais avisé de contester leur utilité, — et jamais ouvrier ne se

  1. Tolstoy a d’abord écrit : « s’arroge ».
  2. Raturé : « Et des gens encore plus drôles, qui croient de leur devoir de les défendre. »