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ratoires ; le tableau que je peins, pour lequel j’ai besoin de ceux qui font les couleurs et la toile : — tous ces travaux peuvent être des choses utiles aux hommes, mais peuvent être aussi — comme elles le sont pour la plupart — des choses complètement inutiles et même nuisibles. Et voilà que pendant que je fais toutes ces choses dont l’utilité est fort douteuse, et pour produire lesquelles je dois encore faire travailler les autres, j’ai devant et autour de moi des choses à faire sans fin, et qui toutes sont indubitablement utiles aux autres, et pour produire lesquelles je n’ai besoin de personne : — un fardeau à porter, pour celui qui est fatigué, un champ à labourer pour un propriétaire qui est malade ; une blessure à panser ; mais sans parler de ces milliers de choses à faire, qui nous entourent, qui n’ont besoin de l’aide de personne, qui produisent un contentement immédiat dans ceux pour le bien desquels vous le faites : — planter un arbre, élever un veau, nettoyer un puits — sont des actions indubitablement utiles aux autres et qui ne peuvent ne pas être préférées par un homme sincère aux occupations douteuses qui, dans notre monde, sont prêchées comme la vocation la plus haute et la plus noble de l’homme.

La vocation d’un prophète est une vocation haute et noble. Mais nous savons ce que sont les prêtres