fixement d’un air mécontent. Je n’y comprends rien.
— Moi, je comprends, répliqua maman. Il m’a raconté qu’un de tes chasseurs a excité exprès son chien à se jeter sur lui. Il te dit : « Il a voulu me faire mordre, mais Dieu ne l’a pas permis, » et il te demande de ne pas punir le chasseur.
— Ah ! c’est ça ! dit papa. Mais comment sait-il que je veux punir le chasseur ? — Tu sais, continua-t-il en français, en général je n’aime pas beaucoup ces messieurs-là ; mais celui-là me déplaît tout particulièrement, et je suis sûr……
— Oh ! ne dis pas cela, mon ami, s’écria maman en l’interrompant d’un air effrayé. Qu’en sais-tu ?
— Ce ne sont pas les occasions qui m’ont manqué pour étudier cette engeance, — c’en est toujours plein chez toi, — ils sont tous sur le même patron. Éternellement la même histoire… »
On voyait que maman n’était pas du tout de l’avis de papa et qu’elle ne voulait pas se disputer.
« Passe-moi les petits pâtés, je te prie, dit-elle. Sont-ils bons aujourd’hui ?
— Non ! continua papa en prenant le plat aux petits pâtés et en le tenant en l’air, hors de la portée de maman ; non ! ça me met en colère quand je vois des gens intelligents et instruits se laisser duper. »
Il frappa la table avec sa fourchette. « Je t’ai demandé les petits pâtés, répéta maman en tendant le bras.
— On a bien raison de faire ramasser ces gens-là par la police, poursuivit papa en reculant son plat. Ils ne servent absolument qu’à agiter les gens nerveux, » ajouta-t-il avec un sourire, remarquant que cette conversation déplaisait beaucoup à maman ; et il lui donna les petits pâtés.
« Je te répondrai une seule chose, dit maman. Il est difficile d’admettre qu’un homme qui va nu-pieds hiver comme été à son âge, qui porte toujours sous ses vêtements