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en mouvement et me promènent de long en large, c’est dans ma tête comme si quelqu’un avait poussé le bouton et mis la machine en mouvement ; ma tête se remplit tout naturellement, tout facilement, d’images changeantes et gaies, qui défilent avec une telle rapidité, qu’à peine ai-je le temps de distinguer leurs couleurs éclatantes. Une heure se passe, puis deux, sans que je m’en aperçoive.

À un autre moment, je suis également assis devant mon livre. Toute mon attention est concentrée sur ce que je lis. Soudain j’entends dans le corridor des pas de femme et un frôlement de jupe…… À l’instant, tout me sort de la tête, et impossible de rester assis, bien que je sache parfaitement que la seule personne qui puisse passer dans le corridor est Gacha, la vieille femme de chambre de ma grand’mère. L’idée que ce pourrait être Elle me traverse l’esprit, ou bien je me dis : « Si ça commence et que je le laisse échapper. » Je ne fais qu’un bond jusqu’au corridor et je constate que c’est en effet Gacha ; mais ma tête est partie pour longtemps : le bouton a été poussé et je suis derechef tout à l’envers.

Une autre fois, c’est le soir. Je suis seul dans ma chambre, avec une chandelle de suif. Je lève le nez une seconde de dessus mon livre, pour moucher la chandelle ou pour m’arranger sur ma chaise, et je vois qu’il fait noir dans les coins, et j’entends que toute la maison est silencieuse…… il m’est de nouveau impossible de ne pas m’interrompre pour écouter ce silence, pour regarder par la porte ouverte l’obscurité de ma chambre, pour rester un temps infini immobile ou pour aller errer dans le rez-de-chaussée désert. Souvent aussi, le soir, je passe des heures dans la grande salle à écouter Gacha, qui se croit seule et qui joue « les Rossignols », avec deux doigts, sur le piano, à la lueur d’une chandelle. Et la nuit, quand il fait clair de lune, il m’est positivement impossible de ne pas me lever et de ne pas aller m’asseoir sur ma fenêtre, où je reste si longtemps à contempler le toit éclairé de la maison