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stérile. Il est vrai qu’ils étaient accueillis cordialement, qu’il ne leur était rien réclamé pour le coucher, mais il n’était plus question de table ni de vivres de route.

Partout des plaintes sur le manque de pain : il n’était même point rare de ne pouvoir se rien procurer contre de bon argent.

— L’année dernière, clamait la population, nous n’avons rien récolté. Plus d’un, qui vivait dans l’aisance, est tombé dans la gêne et a dû tout vendre : d’autres, n’ayant que le nécessaire, sont tombés dans une misère noire ; et les pauvres diables ont cherché leur salut en émigrant, ou ils mendient de porte en porte, ne pouvant plus supporter la désolation de leur foyer. Cet hiver, ils ont mangé de la halle et de l’arroche.

Une fois, les vieillards avaient fait leur nuitée dans une petite localité. Là ils trouvèrent à acheter quinze livres de pain frais ; ils se préparèrent au départ et partirent avant le crépuscule, afin d’avoir laissé derrière eux un bon bout de chemin avant la chaleur de midi. Ils franchirent ainsi dix verstes et atteignirent une