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époussetage n’avait point de fin ; de ci, de là, on trouvait toujours quelque chose à fourbir et rien ne se terminait. Alors l’aînée de mes belles-filles (une petite tête délurée) s’écria : « Dieu soit loué de ce que la fête approche sans nous attendre, car avec tout notre beau zèle nous n’en aurions jamais fini de ce nettoiement. »

Ces paroles donnèrent à penser à Tarassitsch.

— Cette construction me coûte déjà gros, fit-il après une pause ; et un lointain voyage ne peut s’entreprendre les mains vides. Cent roubles ne sont pas une bagatelle.

Élisée se mit à rire.

— C’est pêcher, mon petit père, observa-t-il cordialement. Ton avoir est dix fois plus considérable que le mien, pauvre diable que je suis, et tu me parles d’argent ! Dis-moi seulement quand nous partons. Je n’ai pas d’argent, mais il ne m’en manquera pas.

À son tour, Tarassitsch sourit malicieusement.

— Voyons, voyons, te voici tout à coup devenu un richard, dit-il en plaisantant, où vas-tu dénicher la somme qu’il te faut ?

— D’abord, en grattant bien, je finirai par