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patron le prophète Élisée — il avait le crâne complètement chauve.

Depuis longtemps les deux vieillards étaient d’accord et avaient fait vœu entre eux qu’ils iraient ensemble en pèlerinage, mais Tarassitsch, constamment engagé dans quelque affaire nouvelle, ne se trouvait jamais libre. À peine en avait-il expédié une qu’il lui en tombait une autre sur les bras ; une fois il s’agissait d’une demande en mariage pour son petit-fils, ensuite il attendait son cadet revenant du régiment, ou bien il survenait la nécessité de construire quelque dépendance…

Un jour de fête, les deux vieux se rencontrèrent et s’assirent côte à côte sur une solive.

— Comment va, petit père, fit Élisée, et quand nous déciderons-nous à accomplir notre vœu ?

Jefim fronça les sourcils.

— Il nous faut encore patienter un peu, dit-il, j’ai une année bien lourde. Je me suis mis en tête d’achever la construction de la nouvelle maison, je comptais y consacrer un peu plus d’une centaine de roubles, et voici que trois cents sont déjà dépensés. Et encore on n’en voit