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des églises. Il était fixé sur le bois de la charrue et sa flamme voltigeait, joyeuse, au souffle du vent. Le paysan, dans son sarrau du dimanche, marchait paisiblement derrière la charrue, et poursuivait son vigoureux labeur en chantant le saint cantique du jour de la Résurrection. Devant moi, il a secoué sa charrue, tourné le soc et recommencé un nouveau sillon, et la petite flamme, si claire, brûlait toujours.

— Que t’a-t-il dit ?

— Un mot à peine. En m’apercevant, il m’a fait souhaiter de bonnes Pâques et s’est remis à chanter.

— Et vous n’avez pas échangé d’autres paroles ?

— Non, je ne savais vraiment que lui dire de son action. Les autres paysans riaient et se moquaient de lui.

— « Pauvre fou, lui disaient-ils, tu as beau psalmodier, tes cantiques n’empêchent pas que tu travailles aujourd’hui ; il t’en faudra des prières et des pénitences pour te laver de ce péché-là ! »

— Et que répondait Michejew ?