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Toujours sa vieille chanson. C’est un grand péché que de tuer un homme ! Nous n’avons pas besoin que tu nous le dises : les petits enfants mêmes le savent, mais il y a homme et homme, et Dieu peut-il vouloir que cet impie, cet assassin de ses frères, ce chien maudit continue de vivre ! Quand un chien est enragé, on le tue, pour se préserver de ses morsures. Si nous laissons vivre celui-ci, c’en est fait de nous : ne voyez-vous pas qu’il a médité notre perte ? Si nous commettons un crime, ce sera pour délivrer nos frères, et tous ils prieront pour que cela ne nous soit pas imputé à mal. À quoi sert-il de discuter plus longtemps ? Voulez-vous attendre qu’il nous ait anéantis ?… Quel radotage nous fais-tu là, Michejew ? Crois-tu qu’en allant au travail le saint jour où Notre-Seigneur Jésus-Christ est ressuscité, notre péché sera moindre ?

Michejew répliqua :

— Pourquoi n’irions-nous pas ? Pour moi, si l’on nous y envoie, j’obéirai : ce ne sera pas pour moi que je travaillerai, et Dieu saura bien à qui en faire porter la peine. Avant tout, gar-