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VIII


Une nouvelle année s’écoula, puis une autre, puis une autre encore ; on arriva à la neuvième année du séjour de Michel chez Sema le cordonnier. Les choses continuaient d’aller leur train ordinaire. L’habile ouvrier travaillait sans relâche, ne quittait jamais l’échoppe ; jamais une parole inutile ne sortait de sa bouche. On ne l’avait vu rire que deux fois : la première, lorsque Matréma lui avait servi à souper ; la deuxième fois, quand le gentilhomme avait commandé ses bottes.

Sema n’était jamais revenu sur la question de son origine ; il ne craignait qu’une chose : qu’un jour ou l’autre Michel le quittât.

Un jour, toute la famille était dans la petite chambre, la ménagère mettait ses pots au feu ; les enfants jouaient sur les bancs, jetant parfois