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Le personnage s’inclina sous le linteau trop bas et entra dans la chambre. Il avait la taille plus qu’ordinaires, et peu s’en fallut qu’il ne heurtât le plafond en se redressant. Son grand air contrastait avec la modeste pièce, qui semblait trop petite pour lui.

Sema s’était levé à la hâte, et fit un profond salut, tout confus en présence de ce grand seigneur ; jamais si grand personnage n’était entré sous son toit. Quel contraste !

D’un côté Sema, le teint hâlé, le visage couvert de rides ; Michel, avec sa douce figure pâlie de maigreur ; Matréma, dont la peau ridée s’étirait sur les os ; de l’autre, un colosse au visage plantureux, tout veiné de sang, avec une encolure de taureau, un être en un mot qui semblait d’un autre monde.

Le personnage respira bruyamment, ôta sa fourrure et demanda après s’être assis : — Qui est le maître ici ?

— C’est moi, votre Seigneurie, répondit Sema en s’avançant.

Le gentilhomme se tourna vers son laquais et lui dit :