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— Je travaillerai comme vous.

— Comment faut-il t’appeler ?

— Michel.

— Suffit. Je ne te demande pas autre chose, puisque tu ne peux rien dire de plus. Eh bien ! mon cher Michel, applique-toi, et sous ma direction, tu ne manqueras de rien ici.

— Dieu te bénisse ! Maintenant parle et j’obéis.

Le cordonnier prit alors un peloton de ligneul et se mit à tordre le fil entre ses doigts.

— Regarde, dit-il, ce n’est pas difficile.

Michel mettait toute son attention ; puis essayant à son tour, il réussit cette première épreuve avec un plein succès.

Sema continua graduellement à l’initier à tous les secrets du métier. L’apprenti montrait de l’habileté et de l’intelligence, et ne donnait que de la satisfaction à son maître.

L’ouvrage, si difficile qu’il fût, sortait de ses mains propre et bien fait ; le troisième jour Michel travaillait comme un ouvrier ; on eût dit qu’il n’avait fait que cela toute sa vie. Il ne perdait pas une minute, mangeait avec modération