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cette graine. Je me rappelle, pourtant, avoir entendu dire à mon père que de son temps le blé poussait mieux et produisait de plus gros grains. Il faut questionner mon père.

Et on alla quérir le père de ce vieillard.

Celui-ci était droit et vigoureux, il arriva sans béquilles, ses yeux étaient vifs, il parlait très nettement, et sa barbe était à peine grise.

L’empereur lui montra le grain ; le vieillard le prit et le regarda longtemps.

— Comme il y a du temps que je n’ai vu de grain pareil ! dit-il. Il porta la graine à sa bouche, la goûta et continua : C’est bien cela, c’est de la même sorte.

— Tu connais donc cette graine, petit père ? dit l’empereur. Ou pousse-t-elle et en quelle saison ? En as-tu semé et récolté toi-même ?

— Quand j’étais jeune, dit le vieillard, nous n’avions pas d’autre blé que de celui-là, nous en faisions notre pain de chaque jour.

— Vous l’achetiez ou le récoltiez ? demanda encore l’empereur.

— Autrefois, reprit le vieillard en souriant au souvenir de son jeune temps, on ne commettait