Page:Tolstoï - Scenes de la vie russe.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.

IX


Les genoux de Pacôme commencent à fléchir, ses pieds se gonflent. Comme il se jetterait volontiers à terre pour dormir ! mais c’est impossible, il faut arriver avant le coucher du soleil, une force invisible le pousse.

« J’ai été trop en avant, se dit-il. Le but me paraît tellement éloigné, et je suis épuisé ; arriverai-je seulement ? Il ne faut pas que je me sois donné tant de peine pour perdre mon argent. Allons ! courage ! »

Il repart, ses pieds saignent. Il court maintenant, et pour s’alléger, jette ses vêtements et son bonnet ; le soleil descend à l’horizon. Une angoisse mortelle lui coupe la respiration, il a tellement chaud que sa chemise et son pantalon sont collés à son corps, et son cœur frappe dans sa poitrine comme un marteau de fer.