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Au moment où on avait emporté le vieillard, celui-ci avait été atteint par une gerbe de paille enflammée et en avait reçu une dangereuse blessure. On l’avait porté chez l’ancien, dont la maison était à l’extrême limite du village, dans une sorte de faubourg que l’incendie devait en tout cas épargner.

À l’arrivée d’Ivan, il ne restait dans la maison que la mère de l’ancien et quelques enfants assis sur le poêle. La famille d’Ivan, où était-elle donc ? Encore sur le théâtre de l’incendie. Le vieillard était couché sur un banc, sur une sorte de banc qui lui servait de lit ; il tenait un cierge à la main et avait la tête tournée du côté de la porte, avec une expression d’attente anxieuse. Il fit un léger mouvement en entendant qu’on entrait. La vieille lui ayant dit que c’était son fils, il la pria de le faire approcher, et, quand Ivan fut auprès de lui, il commença de sa voix presque éteinte :

— Eh bien ! pauvre jeune homme, que t’avais-je dit ? Qui a brûlé le village ?

— Qui, petit père ? parbleu ! personne d’autre que lui. Je l’ai vu moi-même. Devant mes yeux