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Chez Ivan, on n’avait sauvé le vieillard qu’à grand’peine ; chacun avait sauté dehors comme il était, laissant tout dans les flammes. Tout le bétail fut perdu, à l’exception des chevaux qui étaient au pâturage ; les poules brûlèrent, sur leur perchoir ; chars, charrues, herses, la provision de blé au cellier, tout resta dans les flammes.

Gravila put sortir son bétail et sauver quelques menus objets.

Le feu dura une grande partie de la nuit. Ivan regardait d’un œil hébété l’élément destructeur achever son œuvre, et il répétait toujours : « Si, pourtant, j’avais retiré la paille pour l’étouffer sous mes pieds ! » Mais, au moment où la toiture s’effondra avec fracas, il se secoua soudain, et se précipita comme un furieux dans le brasier ; et, saisissant une poutre enflammée, il se mit à la tirer hors du feu. Les femmes, tout éplorées en le voyant faire, l’appelèrent en poussant des cris d’effroi ; mais il retira tranquillement la poutre et retourna en chercher une autre. Cette fois, il chancela et tomba dans le feu. Son fils aîné s’élança aussitôt pour