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derrière lui et resta un moment à regarder, pendant que Taraska s’éloignait. Celui-ci fut bientôt rejoint par d’autres jeunes gens qui menaient aussi leurs chevaux au pâturage ; leur trot s’affaiblit peu à peu au loin dans la rue. On n’entendait plus rien. Et Ivan était toujours sur sa porte, songeant aux paroles de Gravila : « Quelque chose pourrait bien lui brûler davantage ! »

— Une telle sécheresse et le vent qui souffle ! pensait Ivan. Pourvu que Gravila ne se glisse pas derrière la maison pour y mettre le feu et se dérober ensuite ! Personne ne l’aurait vu. Le scélérat pourrait ainsi m’incendier et échapper à la justice. Tonnerre ! si je t’y attrape !

Cette crainte hantait si fort la pensée d’Ivan, qu’au lieu de rentrer il se mit à épier dans la rue et autour de la maison.

« Faisons un peu le tour de la ferme, se dit-il ; qui sait ce que le drôle va bien faire ? » Il s’avança à pas de loup le long du mur. En tournant l’angle, il crut voir quelque chose s’allonger, puis se blottir à l’autre extrémité. Il s’arrêta comme cloué sur place, ne respirant