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tu as fait du mal. On va lui meurtrir les reins. Qu’en auras-tu de plus ? Ta vie en sera-t-elle plus heureuse, plus douce !

— Du moins, il me laissera tranquille.

— Il te laissera tranquille ! Mais jusqu’ici qu’a-t-il fait de plus que toi !

Ivan sentit toute sa colère se rallumer.

— Tu demandes encore ce qu’il m’a fait ? Et ma jeune femme, qu’il a frappée presque à la faire mourir ! Et les menaces qu’il fait maintenant d’incendier notre maison ! Penses-tu que je doive lui en dire merci ?

Le vieillard reprit en poussant un profond soupir :

— Vois-tu, mon fils, parce que tu peux aller et venir librement et agir à ta guise, tandis que je reste cloué sur mon poêle depuis des années, tu t’imagines juger bien de toutes choses, et tu crois que ton vieux père n’entend plus rien au train de ce monde. Erreur ! jeune homme, tes jugements sont faux, parce que la haine t’empêche de bien voir ; tu as toujours les fautes des autres devant les yeux et tu laisses les tiennes derrière. Comment peux-tu dire que lui