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qui était désert en ce moment. Les femmes étaient allées à la rencontre du bétail, et ses fils n’étaient pas encore rentrés des champs. Ivan s’assit sur un banc et se laissa aller au cours de ses pensées. Ce qui venait de se passer l’obsédait ; il revoyait Gravila devant le tribunal, comme il était devenu livide en entendant la sentence et comme il s’était tourné en chancelant contre la paroi ; son cœur se serrait à ce souvenir ; il se demandait ce qu’il ressentirait lui-même si une telle punition lui était infligée, et cela lui faisait mal. Alors il entendit son père qui toussait sur son poêle ; le vieux se tourna dans sa couche, descendit ses pieds sur le bord, et, avec beaucoup de peine, il se glissa en bas du poêle, puis se traîna jusqu’au bout et s’affaissa. Épuisé par un effort si grand, il tousse encore, s’appuie des deux mains et demande de sa voix chevrotante :

— Que s’est-il passé ? L’ont-ils condamné ?

— Oui, à vingt coups de bâton.

Le vieux hoche tristement de la tête.

— Mauvaise affaire ! mon fils, mauvaise affaire ! ce n’est pas à lui, mais à toi-même que