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Le sommet d’un des arbres fut agité d’un mouvement inusité ; ses feuilles, pleines de sève, murmurèrent, et la fauvette perchée sur une de ses branches prit par deux fois son vol en gazouillant, puis se posa, en balançant la queue, sur un autre arbre.

La hache résonnait de plus en plus bruyamment, des éclats de bois volaient çà et là sur l’herbe mouillée de rosée, et, à chaque coup de hache, on entendait un faible craquement. Le tronc entier tremblait, s’inclinait et se redressait aussitôt, se balançait sur ses racines. Un instant, tout demeura calme, mais l’arbre se pencha de nouveau, de nouveau un craquement se fit entendre dans le tronc et le sommet de l’arbre, qui tomba sur le sol humide en écrasant les taillis et brisant ses petites branches. La fauvette fit entendre un gazouillement et s’envola plus haut. Le rameau sur lequel elle se posa se balança un instant, puis se raidit avec ses feuilles, comme tous les autres. Les arbres se dressèrent orgueilleusement et plus joyeux, avec leurs branches immobiles au-dessus du nouvel espace libre.