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disait un jour la cuisinière de la maison de poste, si tu n’achètes pas une pierre pour Fédor. Avant, tu disais : C’est l’hiver ! c’est l’hiver !… Mais, maintenant, pourquoi ne tiens-tu pas ta parole ? Il est déjà venu une fois te demander pourquoi tu n’achetais pas la pierre… S’il vient une deuxième fois, il l’étranglera.

— Eh quoi ! Est-ce que je m’y refuse ? répliqua Serega. J’achèterai la pierre, comme je l’ai dit… je l’achèterai… pour un rouble et demi d’argent je l’achèterai… Je ne l’ai pas oubliée, mais il faudra encore l’apporter ici. Dès qu’il se présentera une occasion d’aller à la ville, je l’achèterai.

— Si tu avais seulement placé une croix de bois, ce serait déjà quelque chose, dit un vieux cocher, mais c’est très mal. Tu portes pourtant les bottes.

— Où veux-tu aller prendre une croix ? Tu ne vas pas en tailler une avec une bûche.

— Qu’est-ce que tu me chantes là ? En tailler une dans une bûche !… Prends une hache et va de bonne heure dans le bois, là tu pourrais en en tailler une. Tu n’as qu’à abattre un jeune frêne ou quelque chose de semblable. Cela fera